Tant ai battu le riz
que mes mains en sont gerçées
cette nuit encore
mon jeune maître dans les siennes
les va t'il prendre et s'affliger

Man yôshû

 Hokusai : rizières et sanctuaire d'Inari, mont Fuji

Hokusai : rizières et sanctuaire d'Inari, mont Fuji

 

D'Ouest ou d'Est

Sur les plants de riz

Bruit du vent

Bashô

 

 

Inari, dieu du riz, donc de la prospérité. Veuf de la déesse nourricière Uke-mochi, dispensatrice du riz cuit, des poissons et du gibier. Inari a rapporté le riz de Chine, caché dans le creux d'une canne de roseau, comme Prométhée rapporta le feu de l'Olympe.

Selon le Nihongi, le dieu de lune, Tsukiyomi, fut expédié sur Terre par sa sœur, la déesse du soleil Amaterasu, pour visiter Ukemochi no Kami, déesse dispensatrice de la nourriture.
"La déesse tourna la tête vers la terre et aussitôt de sa bouche sortit le riz bouilli; tournant sa tête vers la mer de sa bouche également sortirent des choses avec des fines nageoires et des choses avec de grosses nageoires. Elle fit face aux montagnes et de nouveau de sa bouche jaillirent des choses avec des poils rudes et des choses avec des poils soyeux. Les aliments furent préparés et dressés sur une centaine de tables pour le plaisir du dieu.
Alors TsukiYomi s’empourpra de colère et dit : « Répugnant. Immonde. Tu essaies de me nourrir de choses dégorgées de ta bouche ». Il sortit son épée et la tua.

Puis il revint au ciel faire son rapport. Entendant ceci, Amaterasu se fâcha et dit : « Tu es une divinité mauvaise. Je ne te rencontrerai plus face à face ». Ils furent donc séparés comme le jour et la nuit et ne résidèrent plus ensemble.
Amaterasu envoya ensuite Ame-kuma-bito voir [Ukemochi no Kami]. A ce moment, la déesse de nourriture était déjà morte. De la couronne sur sa tête étaient nés le bœuf et le cheval ; de son front, le millet ; de ses sourcils, les vers à soie ; de ses yeux, le panicaut [une céréale] ; de son ventre, le riz ; et de ses parties génitales, blé et haricots grands et petits.


Ame-kuma-bito emporta toutes ces choses et les remit à Amaterasu qui s’en réjouit et déclara : « Voici les choses dont se nourrira et vivra la race des hommes visibles ». Ainsi, elle fit du millet, du panicaut, du blé, et des haricots les semences pour les terres sèches ; du riz elle fit la semence des terres humides. [...] Plaçant les vers à soie dans sa bouche, elle en tira un fil, et ce fut le commencement de la sériciculture."

 

Selon le Kojiki c'était un autre frère, le trublion Susanoo, qui avait été envoyé sur Terre.
La déesse dispensait de la nourriture non seulement par la bouche, mais aussi par le nez et l’anus... Susanoo la tua pour cette souillure. Mais la version du Nihongi, plus complète, plus ancienne a le mérite d’expliquer l’impossibilité de rencontre entre lune et soleil.

 

 

 

 

 

 

 

"Le riz est la richesse du Japon : c'est la base de l'alimentation. Une image satirique représente la lutte des objets indigènes contre les objets importés : ceux-ci triomphent de tout, sauf du riz qui écrase tous ses concurrents. On le sème la volée, et on l'arrose pendant la nuit, de façon à le couvrir de quatre ou cinq centimètres d'eau, hauteur que la plante atteint au bout de cinquante jours.
On l'arrache alors pour le repiquer par petites bottes, que l'on coupe facilement plus tard avec une faucille.

On cultive aussi une espèce de riz dans les terrains secs, mais il est de qualité inférieure. On l'appelle riz des champs.
Rien n'est charmant comme l'aspect des rizières. Dans un cirque de collines dentelées de pins tortueux, des groupes d'hommes et de femmes sont courbés et travaillent, ayant de l'eau jusqu'à mi-jambe.
Le terrain se divise en un damier immense dont les cases, un peu longues, sont séparées par des chemins plus élevés que le sol cultivé et submergé.
C'est l'époque du repiquage et l'on se hâte, sous le beau soleil clair qui anime le paysage.

De loin en loin s'aperçoivent des épouvantails à moineaux. Les uns sont formés d'une planchette sur laquelle sont suspendues de minces lamelles de bois que le vent fait cliqueter. D'autres représentent un paysan avec son arc bandé, son manteau et son chapeau de paille.
Toute cette verdure aux nuances très tendres est reposante et contraste agréablement avec le fouillis plus sombre des arbres qui font une coquette et superbe ceinture cette fraîche vallée. "Les épouvantails armés d'un arc existaient en France au Moyen Age. On en trouve un exemple dans les Très Riches Heures du duc de Berry.

Felix Regamey, écrivain, artiste.

 

 

 

 

 Le riz est savoureux

Le ciel bleu

Bleu

Santoka

Repiquage du riz sous la pluie. Auteur inconnu

 

 Au dessus des champs de riz

Chahutent les oies sauvages

Pluies froides d'hiver

Bashô

 

 Noria. Vers 1914

 

L'eau de la montagne

Broie le riz

Je fais la sieste

Issa (1763-1827)

 

 

Photographe non connu : culture de thé en terrasse, paysage de rizières.

 

Au champ de l'automne
si moissonnant les épis
nous nous rapprochions
de ce fait les gens déjà
sur mon compte jaseraient

Poème de Kusa no Wotomé. "Man Yôshû". (POF édition ; René Sieffert, traducteur)

 

"La culture des céréales, en raison du peu de temps dont on dispose, exige une quantité considérable d'engrais, et la façon dont l'obtiennent les agriculteurs de cette province mérite, ce me semble, une mention. Il va sans dire que là, comme dans tout l'Extrême-orient, les déjections humaines tiennent, parmi les engrais, le premier rang. Le paysan achète la marchandise au producteur, l'emporte soigneusement, la transvase dans de larges tinettes éparses au milieu des champs et la répand sur le sol quand le temps et la fermentation lui ont donné les qualités requises. Mais à ce produit trop rare le cultivateur de Hida ajoute le fumier des bestiaux et celui des vers à soie."

Georges Appert, juriste recruté par le gouvernement impérial en 1880.

 

L'engrais humain est toujours utilisé et a fait l'objet d'une longue négociation internationale durant les réunions du Codex Alimentarius en 2000 : pouvait on considérér le "caca" de japonais comme un engrais utilisable en agriculture biologique? Il faut rappeler que l'engrais humain est une matière dangereuse car il peut contenir des parasites, en particulier le ténia du porc. La maladie causée par l'ingestion d'aliments crus contaminés par les oeufs du parasite (légumes par exemple) est beaucoup plus grave que celle qui est causée par l'ingestion de larves cachées dans la viande de porc peu cuite.

Et si vous voulez absolument tout savoir du riz : voici l'adresse d'un site ultra complet : histoire, science, recettes...http://www.riceweb.org/

RETOUR

© www.chez.com/cuisinejapon