Il est dit que Michel Ange réalisa un faux antique, le maquilla, l'ébrècha et l'enterra de nuit dans un jardin, avant de le faire "découvrir" par un comparse, tout ceci pour ridiculiser les critiques qui ne reconnaissaient pas son génie.
Les esthètes japonais (suivant en cela les chinois) enterraient des vases pour les vieillir artificiellement , les dégraisser ou leur donner un peu plus rapidement une patine. Ci dessous, un extrait d'un recueil d'enquètes policières, au XVIIème siècle.
C'était une vieille jarre dont l'ouverture était bouchée
avec du mortier, munie d'une étiquette de bois sur laquelle l'on distinguait
les traces d'une inscription; le nom de l'ère était effacé,
mais on lisait clairement : " Enterré le deux de la dixième
lune de l'Année du Dragon ".
Le puisatier, tout excité, s'écria, avant même que la jarre
fût entièrement dégagé : " J'ai trouvé
un trésor ! II faudra m'en donner une bonne part pour ma peine, ainsi
qu'il est d'usage depuis toujours en pareil matière ! " L'un des
propriétaires regarda à son tour : " La jarre se trouve sur
ma terre à moi, et c'est moi donc qu'elle appartient ! " et l'autre
" C'est sur ma proposition à moi que nous avons acheté la
maison, elle est donc à moi ! " dit il, et une discussion sans fin
s'engagea entre eux.
La nouvelle s'était répandue aussitôt de la découverte
d'un trésor, et chacun d'accourir pour voir ; les gens du quartier se
réunirent, et comme il apparaissait impossible de régler l'affaire
sur place, l'on établit un plan détaillé des lieux et l'on
fit monter la garde autour du puits, après quoi l'on alla, avec les principaux
du quartier, porter l'affaire devant le magistrat, lequel, quand il en eut en
personne entendu exposer le détail, demanda si celui qui avait cédé
la maison n'était pas un pratiquant de l'art du thé; l'ancien
du quartier alors s'avança : " Vous l'avez dit ! II y avait là,
en effet, un amateur de thé fort connu, mais il est mort subitement voilà
quatorze ans, et c'est son petit-fils qui en avait hérité, qui
vient de vendre la maison pour aller s'établir dans les provinces de
l'est " dit-il.
" Cette jarre ne doit pas avoir grande valeur; l'ancien propriétaire
l'aura enterrée pour lui faire prendre de la patine, à moins que
ce ne fût simplement pour la dégraisser. Vous pouvez la prendre
tous les deux. Donc, déterrez-la avec précaution, et tenez-la
pour le réceptacle de votre cupidité " .
Cette sentence rendue, chacun s'en retourna chez soi, et quand on ouvrit la
jarre, l'on put constater que dedans, il n'y avait rien.
Saïkaku " Enquètes à l'ombre des cerisiers " Publications orientalistes de France
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