On prête cette phrase à Marie Antoinette (ou à une de ses amies) voyant des émeutiers sous ses fenêtres : "S'ils n'ont pas de pain, qu'ils mangent de la brioche". Au moins cette reine souvent calomniée s'intéressa à sa ferme au Petit Trianon deVersailles.
Dans son journal, Sei Shonagon ignore, ou affecte d'ignorer les pratiques culturales les plus banales.
Au cinquième et au sixième mois, vers le soir, on voit des enfants vêtus de rouge qui ont coupé des herbes vertes fines et gracieuses. Ils ont de petits chapeaux de paille, et ils marchent en tenant dans chacune de leurs mains une grosse poignée de ces herbes. Sans y prendre garde, on est ravi.
Une fois, alors que j'étais en route pour aller en pèlerinage
au temple de Kamo, j'aperçus dans les champs une foule de femmes. En
guise de chapeaux de paille, elles portaient des coiffures qui ressemblaient
à des plateaux neufs. On les entendait chanter, on les voyait se baisser,
puis se relever. Sans paraître rien faire, elles allaient seulement à
reculons, lentement et je me demandais en quoi pouvait consister leur travail.(1)
Mais comme je les regardais, charmée, je compris les paroles de leur
chanson, extrêmement impolies a 1'égard du coucou et j'en fus attristée.
" Ah, coucou, disaient-elles ; ah ! toi, mauvais drôle ! Tandis que
toi, tu chantes, moi je suis dans la rizière! " A peine avais-je
entendu ce chant, qu'une de mes compagnes s'exclama : " Quelles sont ces
femmes ? Elles ont dit, je crois, que le coucou chantait trop fort ? Ce sont
des gens qui dédaigneraient 1'adolescence de Nakatada! ". (2)
Ceux justement, qui déclarent le coucou inférieur au rossignol paraissent incapables de sentiment, et tout a fait détestables. Le rossignol ne chante pas la nuit, et c'est grand dommage. Tout ce qui chante la nuit est ravissant. II est vrai qu'il n'en est pas ainsi pour les enfants.
J'allais, vers la fin du huitième mois, en pèlerinage au temple
d'Uzumasa ; en chemin, je regardais la campagne. De nombreux hommes travaillaient
bruyamment dans les rizières couvertes d'épis. C'était
la moisson. " Ah! me disais-je, qu'elles sont vraies les paroles du poète
: "On arrachait les jeunes pousses de riz, et déjà si peu
de temps après..." Hélas! c'est la vérité,
le riz que j'ai vu planter il y a quelques mois, en me rendant à Kamo,
me fait pitié à présent. "
Cette fois-là, il n'y avait pas de femme parmi les paysans. Ceux ci prenaient
d'une main les tiges encore vertes, surmontées des épis tout dorés,
puis les coupaient de 1'autre en usant le d'une faucille, ou de je ne sais quel
instrument. La facilité avec laquelle ils semblaient travailler m'émerveillait
; je me sentais me joindre à eux. Je ne savais comment ils faisaient.
Il était charmant de voir tous les hommes, alignés, qui dressaient
les gerbes, les épis en haut. Ces moissonneurs avaient des huttes d'une
forme étrange.
1 elles arrachent le riz pour le repiquer dans la rizière mise en
eau !
2 un héros musicien, symbole de piété filiale.
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