De nombreuses sépultures en forme de trou de serrures de l'époque Kofun (Zempokoen, littéralement "avant carré, arrière rond") étaient entourées d'un ou de plusieurs cercles constitués de cylindres d'argile cuite. Les Haniwas (Hani : argile, Wa : cercle) comportaient des figurines atteignant jusqu'à 1,50 mètres, représentant des animaux des objets, des humains ainsi que des maquettes de maisons. Certains cylindres dépourvus de figurines avaient une fonction strictement utilitaire : contenir la poussée de la terre du tumulus recouvrant la tombe.

L'aire des sépultures déborde très largement l'aire de la période Yahoi vers l'Est, presque jusqu'à l'actuelle Tokyo. Soit les descendants de Himiko avaient conquis ces terres, soit les élites locales avaient été si fascinées par la culture du Yamato qu'elles la "singeait". Les empereurs chinois ou romains pratiquaient de la même façon avec leurs barbares : en échange de la reconnaissance du pouvoir impérial, ils leur fournissaient des belles armures, des oeuvres d'art, des produits manufacturés que les barbares ne pourraient se procurer qu'en commerçant avec l'Empire... Ceci a facilité l'acculturation des élites barbares puis leur ralliement sous la tutelle du Yamato.

recueil d'illustrations. Fin XIXème

 

Selon le Nihonshoki, les Haniwas auraient été offertes à la demande de l'Empereur Suinin (vers 318?) en remplacement de véritables victimes humaines enterrées avec le défunt.

"28ème année, 11ème mois, second jour. Yamako hiko fut enterré à Tsuzaka en Musa. Sur ce, ses serviteurs personnels furent rassemblés et enterrés vivants dans l'enceinte de la tombe impériale. Durant quelques jours, ils ne moururent pas mais pleurèrent et gémirent jour et nuit. A la fin ils moururent et pourrirent. Chiens et corbeaux se réunirent et les mangèrent.L'Empereur, au bruit de leur pleurs et gémissements, fut blessé au cœur et manda ses officiers, disant : -"C'est une chose très triste de forcer ceux que quelqu'un a aimé de son vivant à accompagner celui-ci dans la mort. Quoi que ce soit une ancienne coutume, pourquoi la suivre, si elle est mauvaise? A dater de ce jour, réfléchissez pour faire cesser cette suite dans la mort. [...]

32ème année, Automne, 7ème mois, 6ème jour. L'Impératrice Hibasu-hime no Mikoto mourut. Peu avant les funérailles, l'Empereur manda ses ministres, disant : -"Nous avons reconnu que la pratique de suivre les morts n'était pas bonne. Que pouvons nous faire maintenant pour accomplir ces funérailles?" Sur ces entrefaites, Nomi no Sukune s'avança et dit -" Ce n'est pas une bonne chose d'enterrer des hommes vivants, debout, dans la tombe princière. Comment une telle coutume pourrait elle être transmise à la postérité? Je souhaiterai proposer un expédient à votre Majesté. "

Ainsi il envoya des messagers pour faire appel, en terre d'Izumo [région de Matsue, terre des dieux shintô], à une centaine de potiers de Be. Il donna lui même des instructions aux potiers de Be pour qu'ils prennent de l'argile et en tirent des formes d'hommes, de chevaux et de divers objets, qu'il présenta à l'Empereur disant : " - Désormais, que ceci devienne loi pour les futurs âges de substituer des objets en argile aux hommes vivants et de les dresser devant les tumuli". Lors, l'Empereur fut grandement réjoui [...] et ainsi les objets en argile furent pour la première fois érigés devant la sépulture d'Hibasu-hime no Mikoto. "

 

Haniwa...xxème siècle

 

Toutefois, aucune trace de ces pratiques sanguinaires n'a été retrouvée au Japon à une époque aussi tardive (C.F. l'époque Jomon) et on ne saurait s'expliquer la présence d'animaux et de maisons si les sculptures n'étaient que de simples substituts d'humains. Il faudrait sans doute rattacher les Haniwas aux statues de la tombe du Premier Empereur Ts'in Che Houang Ti, preuve de la puissance du défunt, et rappel des fastes funéraires.

De plus, on peut supposer que la lignée issue de Nomi no Sukune a crée cette anecdote afin de glorifier à bon compte son ancètre.

 

RETOUR

© www.chez.com/cuisinejapon