Brefs rappels historiques

 Le Japon est un pays jeune. Le néolithique ne s'est achevé qu'au début de notre ère, l'écriture ne fait son apparition que vers le Vème siècle et la féodalité ne disparaît qu'en 1868. Son histoire est une succession d'ouverture aux idées venues de civilisations étrangères plus évoluées et de repli sur soi, permettant de "digérer" les innovations. Tout comme la France, même s'il n'est pas de bon ton de le rappeler, le Japon est une terre qui a connu de nombreuses vagues d'émigration et sa civilisation est fortement redevable aux Coréens et aux Chinois.

C'est un pays ayant peu de ressources naturelles, où la moindre parcelle de terre est arrachée aux montagnes. Les richesses de cour du Japon ancien ne doivent aucunement faire oublier la précarité voire la misère des campagnes et l'absence de véritables villes avant l'arrivée au pouvoir des shoguns Tokugawa.

 

Hiroshige(1797-1858) : route du Tôkaidô

Hiroshige(1797-1858) : route du Tôkaidô

 

 

Époque Jômon

-11 000 ans. Première civilisation, contemporaine du détachement du continent asiatique. Chasseurs pêcheurs, grands consommateurs de coquillages (amas de coquilles sur les sites des anciens villages). Le nom Jômon vient du motif en corde utilisé pour décorer les poteries, parfois imitées des bronzes chinois.

poterie Jomon

 

Époque Yayoi, Japon agricole

IIIème siècle av. J.C. Diffusion des techniques d'agriculture depuis la Sibérie, la Chine voire le Pacifique : riziculture irriguée. Les peuples de la culture Jômon se fondent, plus ou moins pacifiquement avec les nouveaux arrivants, essentiellement dans le sud du Japon. Les Aïnous de Hokkaïdo, au Nord, sont les descendants non métissés des Jômon.

Construction de la grande muraille de Chine, vers 210 av. J.C. par le Premier Empereur Ts'in Che Houang Ti, d'où détournements des raids de nomades sur la Corée et immigration coréenne vers le Japon : apport du tour de potier et du bronze. Premiers contacts du Japon, le pays des Wa, avec des marchands chinois.

 

 

Époque Kofun, âge du fer

IVème siècle ap. J.C. "Kofun", littéralement "vieille sépulture" : tumulus en forme de trou de serrure recouvrant la tombe d'un chef de guerre. Rayonnement de la culture du Yamato vers l'est du Japon et vers la Corée.

Effondrement des Han postérieurs, division de la Chine en trois royaumes Wei (Nord), Chou Han (Ouest) et Wou (Centre).

Instabilité en Corée, apparition au Japon d'une caste de guerriers à cheval, sous l'influence, ou la tutelle d'immigrants coréens. Alliance avec les Wei, vers 240. Fondation d'un royaume -ou d'un simple comptoir- japonais en Corée, le Mimana (369), au contact direct des commanderies chinoises. Multiplication des échanges entre Chine des Wei et Yamato.

 Haniwa, terre cuite, époque Kofun

Haniwa, terre cuite, époque Kofun

 

Époque du Yamato

Apparition de l'écriture, sur le modèle chinois, au Vème siècle, dans la province de Nara, le Yamato. Création rapide d'un état centralisé, sous l'influence du clan Soga, grâce au retour des immigrés du royaume japonais de Corée (565) : administration sinisée. Contacts renoués avec la Chine des Souei.

Introduction du bouddhisme pour contrer l'influence du clergé shintoïste (d'où 50 ans de guerres claniques dans lesquelles la religion n'est qu'un prétexte). En 592, le roi du Yamato devient l'Empereur céleste "Tennô" du pays du soleil levant "Ni-hon" et proclame son ascendance divine.

Écriture des mythes fondateurs du shintô : " Les généalogies et les traditions historiques répandues dans toutes les familles sont loin de la vérité et teintées de mensonge. Si nous ne les corrigeons pas maintenant, sous peu la vérité aura disparu " (Empereur Temmu). Rédaction vers 712, en langue chinoise, du Kojiki, "recueil des anciennes choses" et vers 720 du Nihongi ou Nihonkoshi, "Chroniques du Japon".

La famille royale donne naissance à des lignées féodales qui dirigent les communautés paysannes. Écrasement du clan Soga, qui menaçait la famille impériale, en 645 ; arrivée au pouvoir des Fujiwara.

 

Mifune Toshiro, dans les Sept samouraïs de Kurosawa Akira

 

Époque de Nara 710-794.

Implantation définitive du bouddhisme. Fixation de la cour dans une nouvelle capitale dont le plan et les monuments copient la capitale des Tang. L'outillage de fer se répand, ainsi que la sériciculture. Défrichement généralisé, les nouvelles terres ne payant pas de redevances à la Cour. Conquête de l'Est de l'archipel par des soldats laboureurs, menés par un Sei i taishogun ("général en chef contre les barbares") sur les indigènes, les Ezo.

Enrichissement et rivalités des grandes familles et des monastères. Tentative de coup d'état du moine Dokyô, amant de l' Impératrice, déjouée par les Fujiwara. Départ de la cour à Heian . 

dieu gardien

c'est parce que je sais
moi-même que ce monde n'est que vanité
qu'à chaque fois davantage
je sombre dans la tristesse

messire d'Ôtomo, gouverneur général de Dazaï "Man Yôshû". (POF édition ; René Sieffert, traducteur)


Époque de Heian (actuelle Kyoto)794-1185

Rupture des relations avec la Chine. Le clan Fujiwara qui s'illustre en repoussant une invasion de nomades des steppes, fournit de nombreuses impératrices. Contraste absolu entre des campagnes misérables et une cour raffinée à l'excès, encore soumise à l'influence des monastères. Reprise de la centralisation.

Fondation des sectes Tendai ( Saichô, 805) et Shingon (Kukai, 806) sur le modèle chinois.

Longues guerres entre les Heike (ou Taira, soutien de l'Empereur) et les Gengi (Minamoto, partisans des Fujiwara) de 1156 à 1158. Tentative de restauration impériale, schisme, saccage de Heian.

Décimé dans un premier temps, le clan Heike se reconstitue sous la houlette de Minamoto Yoritomo et de son demi frère Yoshitsune. Noyade du clan Taira en 1185 à Dan-no-ura, fin de la guerre de Gempei et prise du pouvoir par Minamoto Yoritomo.

 

 

Époque de Kamakura 1185-1338

Minamoto Yoritomo, qui force son frère au suicide, est nommé général en chef contre les barbares "Sei-i-tai-Shôgun". Installation d'un gouvernement militaire, le "Bakufu" (gouvernement de la tente) en baie de Tokyo, à Kamakura. La cour et l'Empereur, vénéré mais sans pouvoir, restent à Heian. Tentatives de réforme de la société, en faisant appel à des hommes nouveaux.

Paix intérieure : construction de routes favorisant le commerce à longue distance. Amélioration de la riziculture : traction animale et norias, d'où deux récoltes annuelles.

1244 : introduction du Zen (secte Sôtô) au Japon par Dôgen.

Échec des réformes, la bureaucratie de Kamakura se surajoutant à celle des temples et de la cour.

Échec, en 1274 et 1281, de deux flottes d'invasions de l'empereur mongol Kubilaï Khan (C.F. Marco Polo), la seconde anéantie par un typhon providentiel, "Kamikaze" ou vent divin. Mécontentement des guerriers frustrés de butin.

Tentative de restauration (Empereur Go-Daigo), guerre civile et schisme (Dynastie du Sud, légitime, contre cour du Nord, illégitime à Kyoto, jusqu'en 1392). Les paysans se réfugient sous la tutelle des nobles locaux. Destruction de Kamakura, prise du pouvoir par un Ashikaga, transfuge du Bakufu.

 

Époque de Muromachi 1338-1600

Réinstallation de l'Empereur légitime à Kyoto et fixation du Shogunat Ashikaga à Muromachi, un faubourg de Kyoto. Réouverture des contacts avec la Chine des Ming, perturbée par des pirates japonais. Situation intérieure catastrophique à partir de 1460 : autonomisme, guerres privées, de 1490 à 1600, jacqueries, incendie de Kyoto...

Arrivée des Portugais en 1543 à Tagenashima : mission de St François Xavier. Arrivée de produits alimentaires européens (certains navets) et américains (tomates, maïs, piment, patate douce...).

galion au japon

Ascension d'Oda Nobunaga : christianisme favorisé pour contrebalancer le bouddhisme. Destruction des monastères guerriers. Lutte contre les féodaux : emploi massif d'armes à feu à Nagashina en 1575. Désarmement des paysans, établissement d'un cadastre.

Nobunaga assassiné, son lieutenant Toyotomi Hideyoshi restaure l'unité nationale. Généralisation du cadastre, avec estimation de la valeur des terres en Koku de riz produit. Gel des classes sociales, association forcée de voisins solidaires devant les délits et l'impôt.

Élimination des chrétiens, inutiles et pouvant favoriser une invasion européenne.

Invasions de la Corée.

Mort d'Hyideyoshi. Son lieutenant Tokugawa Ieyasu devient Shogun en 1600, ses descendants lui succéderont pendant trois siècles, l'empereur étant réduit au rôle de potiche.

 

Tokugawa Ieyasu

 

 

Époque d'Edo 1600-1868

Arrivée du premier vaisseau hollandais, piloté par l'Anglais Will Adams. Adams conforte Ieyasu dans sa méfiance envers les catholiques et lui enseigne les techniques militaires occidentales.

Fixation du Shogun à Edo, future Tokyo. Main mise du Bakufu militaire sur toute la société japonaise. Division hiérarchique stricte, fixation des paysans à la terre. Interdiction de tout contact avec l'étranger en 1635. Persécution systématique des chrétiens, d'où la révolte de Shimabara (1637).

Naissance de la poésie Haïkai, et de la cérémonie du thé, Cha no Yu.

Développement des villes et d'une classe marchande qui drainera peu à peu les richesses des paysans et des guerriers. Vers la fin de la période, misère croissante des paysans, famines, entraînant des révoltes.

Arrivée d'une escadre américaine en 1853, suivie par les flottes de guerre des autres grandes puissances. Réouverture forcée des contacts avec l'Occident : "traités de paix et d'amitié" de 1858. Prise de conscience du retard technique et scientifique du Japon vis à vis de l'Occident, peur d'un colonisation comme en Chine (aucune armée de métier après trois siècles de paix intérieure). Chute du shogunat au terme d'une guerre civile et restauration du pouvoir impérial en 1867 ( ère Meiji, éclairée).

 

 

 

Ère Meiji (1868-1912)

1869, début de la colonisation de Hokkaidô.

1871, abolition des anciens domaines, remplaçés par des départements.

1872, première ligne de chemin de fer et de télégraphe.

1873, apparition de la conscription, de l'éducation nationale. Adoption du calendrier grégorien

1877, écrasement des samouraïs de Satsuma.

Rattrapage du retard sur l'Occident : abolition de la féodalité, industrialisation, apparition de la presse et de partis démocratiques. Constitution de 1889 : création de la Diète. Les ministres et le Haut Etat Major ne rendent de comptes qu'à l'Empereur.

Développement du Shintoïsme, devenant religion d'État, au détriment du bouddhisme : nombreux temples fermés, œuvres d'art détruites ou vendues aux Occidentaux (dont Guimet).

Premières guerres expansionnistes pour créer un glacis protecteur contre l'Occident, acquérir des terres de culture et des matières premières : Chine (1894), écrasement de la flotte russe (1904), annexion de la Corée.

 

Japonaiserie. Cendrier ou vide poche.

 

 

 

 

 

ÈreTaishô (1912-1926)

Participation à la première guerre mondiale du côté des alliés. Conquête des possessions allemandes : Mariannes, Marshall, Carolines, péninsule chinoise de Tsing Tao... Premières frictions avec les occidentaux : montée de sentiments anti japonais en Australie, Canada et surtout États Unis (interdiction d'entrée des ressortissants japonais en 1924).

Traité de Washington limitant les forces navales japonaises (1922).

 

 

Ère Showa (1926-1989)

 

Tokyo en 1939.

Tokyo et ses "gratte ciels" en 1939.

 

Suffrage "universel" (comprendre : masculin) en 1929.

Main mise de l'armée sur le pays : censure, assassinat d'opposants. Invasion de la Chine (1931), alliance avec les nazis et les fascistes. Départ de la Société des Nations.

Expansion militaire : conquête des colonies occidentales. Conquête du Nord Est chinois et création de l'état fantoche du Mandchoukouo. Attaque sans déclaration de guerre sur Pearl Harbor en représailles au boycott pétrolier américain (1941).

 

Porte avion japonais. Photo du film  Tora Tora  Tora

 

Bataille de Midway (1942) : début du repli japonais. Énormes pertes en hommes, utilisation des pilotes suicide placés sous l'invocation du "Kamikaze" ou vent divin ayant sauvé le pays de l'invasion mongole. Bombes atomiques lancées sur Hiroshima et Nagasaki (1945), capitulation et occupation américaine.

1946, constitution démocratique. L'Empereur perd son rang divin et n'a plus de pouvoir politique. Le shintô n'est plus religion d'état. Craignant des réactions populaires et soucieux de garder une place forte en Asie, Mac Arthur ne fait pas juger Hiro Hito, qu'on affectera de considérer comme une marionnette victimes des militaires japonais

1952, fin de l'occupation américaine.

 

Ignorant
que le site fut célèbre
l'homme laboure le champ

Shiki (1867 - 1902)


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