Barques, canons de bronze et armures laquées de troupes du Shogun, face aux vaisseaux cuirassés arborant le pavillon américain.

 

Les Etats Unis ne furent pas les premiers à prendre pied sur le sol du Japon, contrairement à ce qu'ils colportent avec complaisance, en particulier dans leur films. On connait leur suffisance et leurs mensonges historiques.

De nombreux officiels ou commerçants occidentaux tentèrent au début du XIXème siècle de renouer en vain des relations commerciales avec le Japon, souvent en exhibant faussement le pavillon hollandais. Les tentatives furent toutes repoussées par le shogunat, parfois à coup de canon. Mais le pouvoir shogunal ne mit jamais en pratique la peine de mort contre les étrangers tentant de débarquer.

Une première tentative sous Catherine de Russie, pour ouvrir une route maritime entre Chine et Sibérie via le Japon, tourna court en dépit de la courtoisie de l'accueil japonais. En 1804, le russe Rezvanov attendit 18 semaines durant en rade de Nagasaki sans pouvoir débarquer, avant d'obtenir une entrevue avec le shogun. Ce dernier, arguant des visées bien réelles de l'empire russe sur le Nord du Japon, refusa toute reprise des relations avec l'Occident. Un village aïnou de Sakhaline fut rasé par les russes en représailles de cet affront et des fortifications démantelées. En 1811, le Diana, effectuant des relevés topographique aux Kouriles fut coulé et son équipage incarcéré. Il ne fut libéré qu'en 1813, après des excuses du gouvernement russe. Ces visées russes sur Hokkaido furent à l'origine de la prise en main directe de l'île par le Shogunat en 1799, ce qui améliora temporairement la situation des Aïnou. Jusqu'à ce moment, les Aïnou dépendaient du fief de Matsumae. L'introduction de semences était interdite pour que les Aïnou soient incapables de se doter d'une agriculture et soient contraints de troquer, dans les comptoirs, les fourrures contre les produits japonais.

 

Le soldat barbu est un Aïnou. Guerre russo-japonaise, 1904-1905

 

En 1808, une frégate anglaise, violant la neutralité japonaise, entra en rade de Nagasaki pour se saisir de vaisseaux hollandais, ce pays étant à l'époque devenu un royaume satellite de l'empire de Napoléon. Cet acte de piraterie, bien digne de la perfide Albion fut répété à deux reprises ; ceci ne donna pas une bonne idée de l'Angleterre au Bakufu.

En 1837, sous prétexte de débarquer trois japonais naufragés recueillis à son bord, le commandant du vaisseau américain Morrisson s'approcha des côtes mais fut repoussé à coup de canons. Devenue maîtres de la côte ouest (Californie) au détriment du Mexique, les Etats Unis considéraient le Japon comme une escale possible entre la Chine et leur pays. Les baleiniers américains tentèrent de plus en plus nombreux de pénétrer dans les eaux japonaises, au risque de se faire couler.

La Chine venait juste d'être écrasée après la guerre de l'Opium et devait ouvrir des ports à l'Occident, prélude à son démembrement. Les hollandais en firent part au Shogun et lui conseillèrent de ne pas persister dans l'isolationnisme: "de quelque côté que se trouvent le droit et la justice, un différent avec les puissances étrangères peut naître du plus petit incident. Ignorer sa faiblesse n'est certainement pas le moyen de préserver son pays du danger. C'est pour avoir négligé ces vérités que la Chine, après la guerre de l'opium, il y a dix ans, a perdu une partie de son territoire ".

En 1844, une escadre française tenta en vain d'établir des relations diplomatiques et se contenta de débarquer des missionnaires dans les îles Ryû Kyû, territoire tributaire simultanément du Japon et de la Chine.

En 1852, une escadre russe tenta de prendre pied au Japon mais ce projet fut abandonné, à cause du déclenchement de la guerre de Crimée contre la France et l'Angleterre.

Enfin en 1852, les américains annoncèrent à toutes les chancelleries occidentales leur intention de lancer une flotte vers le Japon. L'arrivée des "vaisseaux noirs" (comprendre : en métal) du Commodore Perry coïncida avec des troubles populaires et une faiblesse conjecturale du shogunat, dont le titulaire était un vieillard malade.

Les japonais se montrèrent hostiles aux étrangers. Certains furent assassinés, des légations furent attaquées voire incendiées, ce qui entraîna des représailles et des demandes d'indemnisation occidentales.

 

Un occidental en mauvaise posture. Certains japonais tentent de retenir le bras de ses agresseurs.

 

Le shogunat n'étant plus capable de défendre le Japon, un mouvement prit naissance dans la population : "respect à l'Empereur et expulsion des étrangers" (Sonnô jôi). Ce mouvement était dirigé en sous main par des seigneurs hostiles au Shogunat et qui espéraient, sous couvert du respect à la personne sacrée de l'Empereur, instaurer leur propore domination sur le Japon.

En fait, à brève échéance, l'Empereur allait reprendre le pouvoir au Shogun et échapper à la tutelle des comploteurs au terme d'une féroce guerre civile.

Les agresseurs d'occidentaux (des samourais tenants du shogunat), furent châtiés et la population reçut des consignes strictes.

" Les badauds ne devront pas s'attrouper autour des étrangers. Les commerçants ne devront pas leur demander de prix excessifs. On s'abstiendra de jeter des pierres aux chiens accompagnant des étrangers. [...] Aucun commentaire ironique sur leur vêtement, leur religion, leurs usages, ne devra être fait[...] On n'emploiera pas les mots Keto (chinois poilu), Akahige ( barbe rousse) ou Ijin ( Barbare). On ne devra pas non plus les regarder en face avec impertinence."  Instructions du Gouverneur de Kanagawa, 1908

 

Les derniers mots de l'assassin furent : "tuer des barbares est le devoir de tout japonais."

 

Paradoxalement, pour lutter contre les envahisseurs, les partisans de l'Empereur poussèrent à l'adoption de techniques industrielles occidentales et dota le Japon d'un droit, d'une armée et d'une marine de type européen.

De nombreux documents historiques (en japonais) et des reproductions d'estampes sur le site de l'université de Tokyo : http://www.u-tokyo.ac.jp/index.html

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